Plantes du jardin
La plupart du temps, les chevaux ne les consomment pas d'instinct.
Toutefois, certaines plantes sont suffisamment toxiques pour qu'une très faible quantité suffise à créer une intoxication suffisamment grave.
Et dans certaines circonstances, le cheval peut être amené à manger des plantes toxiques: c'est surtout le cas lors de disette par manque d'herbe, ou encore l'application de certains herbicides qui modifient l'odeur et le goût des plantes.
Le buis (Buxus sempervirens) :
Cet arbuste ornemental est parfois présent dans nos jardins.
L'intoxication par le buis nécessite l'ingestion d'environ 750 grammes de feuilles fraîches ou d'écorce.
Elle se manifeste par des coliques violentes et des diarrhées. Des troubles nerveux (convulsion et paralysie respiratoire) sont également possibles en cas d'ingestion massive.
La cytise (Cytisus laburnum) :
C'est un arbuste ornemental également appelé faux-ébénier.
Il possède des feuilles trifoliées et des grappes de fleurs jaunes.
Les feuilles, les fleurs et surtout les baies sont toxiques.
L'ingestion provoque de la sudation importante, des tremblements musculaires et parfois des convulsions.
La mort peut survenir après paralysie des muscles respiratoires.
250 grammes de baies suffisent à tuer un cheval. Cette espèce y est particulièrement sensible, du fait qu'elle ne peut pas vomir.
La fougère-aigle (Pteridium aquilinum) :
C'est une fougère rencontrée sur les sols siliceux principalement.
Les chevaux ne la consomment généralement qu'en l'absence d'autres herbes comestibles, à la fin de l'été, bien que certains animaux en soient friands naturellement.
Toutes les parties de la plante sont toxiques, qu'elle soit fraîche ou sèche.
C'est l'ingestion chronique de la plante qui est toxique (sur 15 à 30 jours).
Les troubles sont principalement nerveux : faiblesse, tremblements musculaires, spasmes, convulsions…
La mortalité est très importante. Un traitement à base de vitamine B1 peut être tenté chez le cheval.
L'if (Taxus baccata) :
C'est une des plantes les plus mortelles.
C'est un arbuste ressemblant au sapin, mais ne possédant pas de résine.
Les aiguilles sont plates et pointues, de couleur vert-foncé et brillant d'un côté, et vert-pâle et mat de l'autre.
Des baies de couleur rouges sont présentes en été.
Les feuilles, bois et écorces sont toxiques alors que les baies ne le sont quasiment pas.
Les intoxications surviennent généralement chez les chevaux ayant accès à des branches élaguées, mais ils peuvent se nourrir directement sur la plante entière, dont les épines ne sont pas piquantes.
L'ingestion d'une faible quantité (250 grammes environ) de cette plante peut entraîner la mort rapide de l'animal, en quelques heures, après des troubles de l'équilibre et des convulsions.
Il n'existe aucun traitement efficace ni aucun antidote.
La concentration d'alcaloïdes toxiques est plus importante dans les feuilles âgées, c'est-à-dire en automne.
Le cyprès :
Constitue les haies de nombreux jardins, peut provoquer une intoxication semblable à celle provoquée par l'if.
Mais la dose toxique est plus importante et les symptômes généralement moins graves.
Le laurier-cerise (Prunus laurocerasus) :
C'est un arbuste rosacé très fréquemment rencontré et qui forme souvent des haies.
L'intoxication a lieu le plus généralement lors de la taille de ces haies.
Son ingestion peut conduire à la mort après des troubles respiratoires et éventuellement nerveux.
La quantité toxique est très variable, selon le plant, la nature du sol, l'ensoleillement...
Lors d'ingestion modérée, les symptômes peuvent rétrocéder. Sinon, la mort survient généralement rapidement.
Des traitements sont possibles mais souvent illusoires compte-tenu de l'évolution très rapide de l'intoxication.
Le laurier-rose (Nerium oleander) :
C'est une plante mortelle.
Cette belle plante fréquente dans le Sud de la France n'est généralement consommée qu'en période de disette ou dans des fourrages contaminés.
Elle est réputée très toxique: des animaux se seraient intoxiqués en buvant dans un abreuvoir contenant des feuilles de laurier-rose!
Toutes les parties de la plante (et les décoctions !) sont toxiques.
30 à 60 grammes de feuilles suffisent à tuer un cheval.
Les troubles sont essentiellement digestifs et cardiaques, puis nerveux et respiratoire, avec mort par asphyxie.
Il n'existe aucun traitement efficace.
Le rhododendron (Rhododendron ferrugineum) :
C'est une plante à fleur qui orne souvent nos jardins ou se retrouve en bordures de prairie principalement en régions montagneuses. Son ingestion est toutefois rare chez le cheval.
Elle provoque des troubles digestifs, locomoteurs et respiratoires.
La plante sèche est moins toxique.
Le thuya :
Constitue des haies. Il est responsable de coliques souvent graves lors d'ingestion massive.
Conclusion
Il est donc indispensable de s'assurer que votre cheval n'aura pas accès à ces plantes de jardin et qu'il n'y touche pas le cas échéant.
Les déchets d'élagage ne doivent pas être mis à portée de l'animal, même si certaines plantes sont moins toxiques une fois sèches.
Encore une fois, attention à l'utilisation de certains herbicides ou répulsifs qui ne sont pas toxiques mais peuvent modifier l'odeur de ces plantes.
La meilleure prévention consiste à donner au cheval une pâture ou un foin de bonne qualité, ce qui lui évitera de chercher à coté
Plantes de prairie
Le cheval au pré passe la plupart de son temps à brouter.
Il se contente d'herbe et d'eau, mais tous les végétaux ne sont pas comestibles pour lui.
Contrairement à une rumeur qui veut que les animaux sachent "ce qui est bon pour eux", le cheval est sensible à certaines plantes toxiques qu'il peut être amené à rencontrer, à l'état frais dans sa pâture, ou à l'état sec dans des foins de mauvaise qualité.
La faim parfois causée par le manque d'herbe à brouter dans le pré est souvent responsable de l'ingestion des plantes toxiques.
Il est difficile de faire une liste complète des plantes toxiques chez le cheval tant elles sont nombreuses et variées selon les régions. Les noms qui suivent ne sont que quelques exemples parmi les plus courants ou les plus dangereux.
La belladone (Atropa belladonna) :
C'est une plante de la famille des Solanacées, très toxique mais peu répandue.
L'ingestion, même en faible quantité, de feuilles, de fleurs ou de baies provoque des troubles importants, proche de ceux observés lors de l'intoxication au datura conduisant à la mort: affaiblissement, troubles nerveux, constipation…
La colchique (colchicum autumnale) :
C'est une plante Liliacée, à bulbe, dont la fleur rose-lilas ressemble à celle du crocus.
Elle fleurit à l'automne dans les prés.
Elle peut être ingérée à l'état frais, mais c'est souvent l'ingestion de foin contaminé qui est responsable de l'intoxication.
Elle contient, dans ses feuilles et ses baies, de la colchicine, composé très toxique utilisé dans le traitement de certains cancers.
Les troubles surviennent quelques heures après l'ingestion.
Il s'agit de coliques très violentes accompagnées de diarrhées souvent hémorragiques (présence de sang en nature).
Le cheval meurt généralement par insuffisance circulatoire et rénale.
Le traitement est souvent illusoire.
Le datura (Datura stramonium) :
C'est une Solanacée, encore appelé stramoine ou pomme épineuse, c'est une plante à larges feuilles (comme les feuilles de tomate ou de pomme de terre, qui sont aussi des Solanacées).
Elle est très répandue et peut contaminer les fourrages.
Le fourrage très contaminé par les feuilles ou les baies (moins toxiques) peut entraîner une intoxication.
Celle-ci se manifeste par des troubles nerveux (troubles de l'équilibre, perte de vision, dilatation des pupilles, hyperexcitabilité …), de l'anorexie, des troubles urinaires (urine en grande quantité), des spasmes musculaires…
Les glands de chênes
(Quercus pedunculata/ petraea) :
Ils peuvent être présents en grande quantité dans les champs entourés de chênes lorsqu'ils tombent vers l'automne.
Les chevaux les ingèrent accidentellement avec l'herbe.
Les glands verts contiennent davantage de produits toxiques.
Les troubles surviennent généralement après plusieurs semaines de consommation régulière.
Ils contiennent des tanins qui provoquent des troubles digestifs: coliques violents, diarrhée…
La mort survient parfois en cas d'ingestion massive.
La mercuriale (Mercurialis annua/ perennis) :
C'est une petite plante présente dans les prés et les fourrages.
Sa consommation a lieu lors de pénurie d'herbe principalement.
Sa toxicité est maximale à la fin de l'été.
Elle provoque une atteinte du sang (destruction des globules rouges) et des troubles digestifs.
L'urine est parfois foncée et les muqueuses jaunes.
Le traitement est un traitement de soutient et éventuellement une transfusion, en fonction de l'importance des symptômes.
Le millepertuis (Hypericum perfolatum) :
C'est une plante sauvage à fleurs jaunes très répandue.
Son ingestion provoque une photosensibilisation: il s'agit d'une manifestation cutanée due à une irradiation sur la peau sensibilisée par diverses substances. Les rayons irradiants ne sont pas forcément des UV, il ne s'agit donc pas d'un coup de soleil au sens où on l'entend !
Les symptômes apparaissent généralement rapidement après l'ingestion. On observe, surtout aux endroits où la peau est fine, des rougeurs, des cloques, un suintement… La zone démange souvent, l'animal se gratte et il est agité.
Des symptômes généraux parfois graves se manifestent par une forte dépression et éventuellement une atteinte rénale.
Le traitement consiste à garder l'animal à l'ombre jusqu'à guérison et à traiter les plaies.
L'oenanthe safranée (Oenanthe trocata) et
la ciguë :
Ce sont des ombellifères fréquentes au bord des pâtures, principalement sur les terrains granitiques de l'Ouest de la France.
Toute la plante est toxique, mais la toxicité diminue dans la plante sèche.
C'est très souvent l'ingestion de racine fraîches, mises à nu lors de travaux de la terre ou d'arrachage des plants, qui est responsable de l'intoxication.
Il faut tout de même 1 gramme de racine par kilo de cheval pour le tuer (soit 500 grammes environ).
Les symptômes sont digestifs (coliques, diarrhée) et nerveux (convulsions).
La mort peut survenir en quelques minutes à quelques heures selon la dose ingérée.
La guérison est possible si l'ingestion a été faible. Des séquelles nerveuses sont parfois rencontrées toutefois (paralysie du train postérieur).
Les prêles (Equisetum arvense/ palustre) :
Ce sont également des plantes de contamination des fourrages.
L'apparition des troubles survient après 1 à 2 semaines d'ingestion quotidienne.
Les symptômes sont des troubles de l'équilibre et de la démarche, une urine éventuellement foncée, puis la mort.
Ils sont proches de ceux rencontrés pour l'intoxication à la fougère-aigle.
Un traitement à base de vitamine B1 est possible mais pas efficace à 100%.
Le séneçon de Jacob (Senecio jacobea) :
C'est une plante de la famille des composées (comme la marguerite), à fleurs jaunes.
Elle n'est pas consommée à l'état frais par les chevaux au pré, sauf si l'herbe vient à manquer.
C'est avant tout une plante de contamination des fourrages.
Son ingestion chronique, en grande quantité, provoque une atteinte du foie. Les lésions hépatiques sont irréversibles.
Les symptômes sont un amaigrissement progressif, une anémie (perte de globules rouges, avec des muqueuses qui deviennent pâles), une constipation et des troubles nerveux, dus à l'incapacité du foie à éliminer les toxiques (l'ammoniac en particulier).
La mort survient en quelques semaines; il n'y a pas de traitement.
Le trèfle (Trifolium hybridum) :
Il est responsable de la trifoliose du cheval.
Il nécessite une ingestion massive et répétée de trèfles hybrides sur une longue période.
On observe un amaigrissement avec baisse de l'état général, des signes urinaires, nerveux, digestifs…
Comme le millepertuis, il peut provoquer une photosensibilisation s'il est consommé en grande quantité.
Conclusion
De nombreuses plantes fréquemment rencontrées dans nos pâtures, mais également dans les fourrages de mauvaise qualité, sont potentiellement toxiques pour les chevaux. Elles provoquent des troubles souvent peu caractéristiques et il existe rarement un traitement spécifique ou un antidote particulier.
Il faut donc toujours fournir aux chevaux une pâture de bonne qualité, riche en herbe, car les chevaux évitent généralement ces plantes tant qu'il y a de l'herbe à disposition.
Il faut également prendre soin de désherber le pré contenant des plantes très toxiques (et les déraciner) comme la digitale, la belladone, le séneçon, la colchique… On essayera également d'élaguer les feuilles des arbres et arbustes toxiques entourant le pré, comme les robiniers, ifs, fougères-aigle, buis, rhododendron…
Attention, certains herbicides peuvent augmenter l'appétence de certaines plantes âcres habituellement non consommées par les chevaux.
plantes des bois
Il existe de nombreuses plantes dans les bois et clairières que le cheval peut être amené à ingérer lors de promenades, ou dans les prairies bordées de forêts.
Les plantes citées ci-dessous ne sont que quelques exemples parmi tout le panel de plantes toxiques qui existent, mais elles sont soit les plus répandues, soit les plus toxiques.
La digitale :
Elle est une plante à fleurs roses à l'état sauvage.
Elle contient un poison mortel, la digitaline, qui est une substance utilisée en pharmacie pour ses effets sur le cœur.
Il s'agit d'une des plantes les plus dangereuses, car 150 grammes suffisent à tuer un cheval.
La fougère-aigle (Pteridium aquilinum) (voir plantes de jardin)
Les glands de chênes (voir plantes des prairies)
Le "Mal de Brou" correspond à l'ingestion de jeunes pousses de chêne au début du printemps et se manifeste de la même manière.
L'if (Taxus baccata) :
C'est un arbuste ressemblant au sapin, mais ne possédant pas de résine.
Les aiguilles sont plates et pointues, de couleur vert-foncé et brillant d'un côté, et vert-pâle et mat de l'autre.
Des baies de couleur rouges sont présentes en été.
On trouve cette plante principalement sur les terrains calcaires de basse et de moyenne montagne.
Les feuilles, bois et écorces sont toxiques alors que les baies ne le sont quasiment pas.
Les intoxications surviennent généralement chez les chevaux ayant accès à des branches élaguées.
L'ingestion d'une faible quantité (250 grammes environ) de cette plante peut entraîner la mort rapide de l'animal, en quelques heures, après des troubles de l'équilibre et des convulsions.
Il n'existe aucun traitement efficace ni aucun antidote.
Le robinier (Robinia pseudoacacia) :
Egalement appelé faux-acacia, c'est un arbuste qui sert souvent à faire des poteaux et que les chevaux peuvent ronger.
L'écorce ainsi que les feuilles, les fleurs et les baies sont toxiques.
150 grammes d'écorce suffisent à entraîner des troubles digestifs mortels.
Elles provoquent des troubles digestifs (coliques spasmodiques), de la sudation, et éventuellement des troubles nerveux (troubles de la démarche, convulsions, paralysies…) en cas d'ingestion massive.
Conclusion
Les intoxications en forêts sont assez rares mais les prairies bordées de forêts peuvent être dangereuses, et il est nécessaire d'éviter que ces plantes ne bordent le pré ou d'en empêcher l'accès.
Lors de ballades, évitez que votre cheval ne goûte à toute sorte de plante et soyez vigilant, principalement en lisière de forêts où l'on rencontre les plantes les plus dangereuses